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f. 13 v°


q’ affinité , il nou’ faot meintenant auizer a c̨ęl-
les dont vze la lange Franc̨oęze , qi n’ ont point
d’ affinité ęntre ęlles : come ‹l› , ‹m› , ‹n› , ‹r› .1

Il ęt vrey
qe qant a ‹l› , ę , ‹n› , il y peut auoęr ęn la pronon-
c̨íac̨íon Frãc̨oęze qelqe diuerſité , toute tęlle qe
de ‹ſ› fęrme , ę ‹c̨h› mol2 . Par c̨e q’ outre leur comu-
ne prolac̨íon nous ęn fezons vne molle , qe noz
anc̨íens3 ont d’ une lourd’ inuęnc̨íon figuré’ , c̨ha-
cune de troę’ lęttres : qi ſont ‹ill› , pour ‹ł› molle ę
‹ign› , pour ‹η̃› molle , ſans auoęr auizé a la confu-
zion qi ſ’ ęn ęnſuyuoęt , come je l’ ey montré ao
« trętté de l’ abus de l’ ecritture Frãc̨oęze »4 . Ę pour-
tant j’ ey auízé de retranc̨her c̨ete trop grande
depęnſe de lęttres , ę de doner tãt ſeulemęnt vne
liη̃e courbe , a ‹ł› : ę d’ ęmprũter dęs Eſpaη̃ols leur
‹η̃› moll’ , a la qęlle il’ donet vn tręt plus long qe
l’ aotre , ęn la coronant d’ une liη̃e couc̨hée5 : telle-
mẽt q’ il’ ecriuet ‹ſeη̃or› , pour ‹ſeignor› .

Je ne veu’
pas aoſi oublíer qe la prolac̨íon Frãc̨oęze n’ uze
pas fort ſouuęnt de deus ‹mm› , ne de deus ‹nn› , en-
ſęmble , combiẽ qe l’ ecritture ne lęs eparη̃e pas :
come , ęn ‹homme› , ‹comme› , ‹ſommęt› , ‹commęnt› ,
‹commandemęnt› , ‹honneur› , ‹donner› , ‹ſonner› , ‹an-
c̨ienne› . Il ęt vrey qe lęs ‹mm› ſe ręncontret aos
Auęrbes qi ſe tęrminet ęn ‹męnt› qant ‹a› , ou ‹ę› ou-
uęrt prec̨edet : come ‹prudęmmęnt› , ‹ſuffizãmęnt› .
Notez aoſi qe ‹n› finall’ ayant ęn ſuyte , vn voca-
ble comęnc̨ant par voyęlle ( ſi c̨e ne ſont qelqes
aſpirez ) double ſa puiſſanc̨e : come « ęn allant » , « ęn


1En quelque sorte, cela fait aussi un groupement.
2et gras
3ancêtres
4Lisons mieux le traité de « certains » abus. En M1548, les mêmes questions ont été discutées, mais leurs graphies substituées ne sont pas spacilaisées : ‹η› et ‹l› (p. 22, p. 27).
5Dans la traduction des Quatres livres d’Albert Dûrer par Meigret (1557), nous répérons 12 fois ce vocable. Par exemple « tu diuiſeras le plus bas aueques la ligne e. ſur laquelle ſe couchera ce petit redoublement de menton » (p. 28) il est tenable que le vocabulaire spatial de Meigret est enrichi par sa lecture et version du traité pictural, traité qui est d’ailleur sous la plume d’un aussi grand maître de l’art perspectif.