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f. 13 r°


me de figurer par ‹d› , ‹t› , ę ‹th› aſpiré qi ne nous
ęt pas fort nec̨eſſęre : car le ſeul ‹t› ęt ſuffizant a la
prononc̨íac̨íon .1 La lange Frãc̨oęze de vrey ne
fęt pas grande profęſsíon de conſonantes aſpi-
rées , il ęt vrey qe nou’ lęs ecriuons come nou’
lę’ trouuons ę’ vocables qe nou’ tyrons dęs ao-
tres lãges : come , ‹Mathieu› .2

Ręſte q’ ęntre lę’ voęs
qi ont qelq’ affinité ęnſęmble , nous auõs ęnco-
res ‹ſ› , ‹z› , ę ‹c̨h› , qi ęt vne ſ , molle dont j’ ey ja par-
. Ęntre lę’ qęlles ‹ſ› , ęt la plus fęrme3 : le ‹z› , plus
rare , ę qazi come , vne demíe prononc̨íac̨íon de
ſ4 , ęn notre lange : mę́s ‹c̨h› ęt vne prolac̨íõ graſ-
ſe , ę molle d’ une ‹ſ› , come nou’ le voyons ęn c̨ę’
vocables , ‹Sanſon› , ‹zizaníe› , ‹c̨hanſon› , ‹c̨hic̨hes› . Or
faot il ęntęndre qe c̨e ‹z› , ęt vne prolac̨íon fort
freqęnt’ ę comun’ a la lange Frãcoęze , ę de beao-
coup plus grac̨íeus ſon qe ‹ſ› , ne ‹c̨h› : combien qe
l’ ecritture qazi com’ ęn la dedęη̃ant vzurpe ‹ſ› ,
pour ęlle5 : qoę qe la lęcture ne ſ’ y amuze point .


Car combien qe nous ecriuiõs , ‹diſons› , ‹faiſons› ,
nou’ ne lizons toutefoęs ſinon dizons , fę́zons :
par une contreinte qe nou’ fęt la harmoníe de
la prolac̨íon du ‹z› , plus remize qe c̨ęlle de ‹ſ› .6 Ao
regard de la prolac̨íon Latine du ‹z› , ou de la
Gręcqe , je ne ſuis pas ſur c̨ęs ęrres7 : il me ſuffit
d’ ęn vzer la ou il ſera de bezoin , ſelon qe le Frã-
c̨oęs l’ a rec̨ú , come l’ experięnc̨e le nou’ montr’
ęn c̨ę’ vocables , ‹zizaníe› , ‹Zacaríe› .

Or puis qe
nous auons vuydé lę’ conſonantes qi ont qel-


1Même si la séquence ‹th› sera classée dans le récapitulatif des lettres (15v), son existence n’est pas « nécessaire ». Il s’ensuit que toutes les lettres ou séquences dans le dit rérécapitulatif ne sont pas étroitement proposées par Meigret, mais simplement constatées. (Ou bien, a-t-il lieu de parler d’un groupe des séquences tolérables, dans la mesure où ces séquences ne sont pas forcloses ou éliminées ? Nous pensons que Meigret de 1550 n’arrête pas encore son cercle de recherche et développement, comme en témoignent ses quelques modifications à ce sujet entre M1548 et M1550 : il pourrait simplifier davantage son alphabet dans une autre étude s’il y en a.
2Ce paragraphe permet de confirmer que le propos de l’aspiration est étroitement associé à ‹h›, et que l’expérience racontée, s’agissant d’un souffle muet, reste dans une continuité avec la nôtre.
3Supposons que cela dit la fermeture de la bouche.
4Supposons que cela dit la longueur de /zə/ par rapport à celle de /sə/. La comparaison se porte donc sur l’appelation de ces deux lettres.
5L’objet « dédaigné » est le caractère ‹z›, car il n’est pas dûment inscrit dans l’écriture d’alors (ordinaire ou courante). En revanche, sa place est souvent usurpée par ‹s›.
6Entendons par « remise (en état) » par « propre » ou « naïve ».
7Supposons que ces Anciens ne distinque pas toujours, pour Meigret au moins, le son de /z/ (mais le mêlent parfois avec /s/). Meigret sais se détacher des autorités antiques quand celles-ci ne lui permettent pas d’avancer.