Vue précédente - Menu - Vue suivante Grammaire (M1550b40p)

f. 9 v°


uerez qe leur prononc̨íac̨íon n’ ęt point aotre
qe d’ un e clós accompaη̃é d’ un i , ęn vne mę́me
ſyllabe , tout einſi q’ ęn ‹teindre› , ‹feindre› : ę’ qelz
toutefoęs vous abuzez de mę́mes .

C̨ęt ‹e› clós fęt
ęncores vn’ aotre diphthong’ auęc ‹u› , come , ęn
‹eur› , ‹peu› , ‹veu› , ‹eureus› .

Finablemęnt il fęt vne
triphthõge ſe joη̃ãt a c̨ęlle de ‹ao› : come ęn ‹veao› ,
‹beao› , ‹moreao› . Dont je m’ emęruęlłe de c̨eus qi
premiers ont terminé c̨ete triphthong’ ęn ‹u› : vu
qe la prononc̨íac̨íon ne tient rien de l’ u , mę́-
mes de l’ ou clós , qi a qelq’ affinité auęq l’ u . Brief
je ne voę point de lieu ou l’ ‹o› ſoęt prononc̨é ſi
ouuęrt , q’ ęn la diphthonge , ‹ao› .

Ao ręſte , ‹é›1 clós
long ne fęt jamę́s diphthonge , ne triphthong’
auant voyęlle : aoſi ne fęt aocune voyęlle longe
ſe ręncontrant auant vn’ aotre .

Le mę́m’ ‹e› clós
fęt ęncor’ vn’ aotre triphthonge2 , joint a c̨ęlle de
ui : come ‹veuil› .

Or qant a c̨ęlles qe fęt l’ ‹i› auęq
lęs aotres voyęlles , il faot noter qe l’ ‹i›3 long tant prę-
c̨edant qe ſubſeqęnt a vn’ aotre voyęlle ne fęt ja-
męs dipthõge4 , exc̨eptez lę’ pluriers de qelqes
noms , lę’ qels ont tousjours la derniere voyęlle
longe , qi toutefoęs gardet la diphthonge du ſin-
gulier : come , ‹huy› , ‹puy› , ‹huís› , ‹puís› : la ou
etant brief5 , il fęt tousjours diphthõge , come , ‹fier› , ‹fiã-
c̨é› , ‹gieres› , ‹pięrre› , ‹pié› , ‹piu› , ‹venions› , ‹allions› ę tous
aotres preteriz impęrfęs , qi empruntet c̨ete ter-
minęzon ‹ions› tout’ ęntiere : car il ęn ęt aocuns
lę’ qęlz ayans ‹i› auant ‹er› ęn l’ infinitif , n’ emprun-


1Selon la préface au Menteur (1548, p. 27), l’accent note la longueur de la voyelle.
2« même » dit seulement la catégorie, un peu comme nous notons [E] couvrant une gamme de sons afférents. En tous cas, ce « ‹e› clós », qui peut former une triphtongue, est distinct de l’« ‹é› clós long » qui, précédemment mentionné, n’en est pas capable.
3C’est une inconsistance typographique, car il est ici visiblement question de la voyelle ‹i›. Même si on pense à la voix « i longue » parlée dans M1548 (p. 26), la graphie est ‹í›.
4Il y a peut-être quelque modernité dans ce constat. /i/ est une voyelle dont le comportement ressemble plus à celui d’une consonne que d’une voyelle. Quand il se côtoie avec les voyelles, il tend à se conserver en insérant un hiatus ou /j/. Voir la théorie de l’échelle de sonorité, par exemple dans Scheer 2015, p. 48-50
5la voyelle du dernier syllabe est brève