Vue précédente - Menu - Vue suivante Grammaire (M1550b40p)

f. 9 r°


Voyez dõqes q’ęlle opiniatreté d’ abus caoz’ vn ęrreur
inueteré : tant ęt diffic̨il’ a l’ home la reco-
noęſſanc̨e d’ une faote pour vne par trop grand’ eſtim’
ę prezompſion de ſa ſuffizanc̨e cõjoint’ a vne
meconoęſſanc̨e de l’ imbęc̨ilité , ę imperfec-
c̨íõ de notr’ ęntęndemęnt .

Ao regard d’ ‹aou› par
‹ou› clós , je ne l’ ey point decouuęrt , q’ ao mot
‹aout› , qe vous ecriuez ‹Aouſt› , etant ‹ſ› , ſupęrflúe .


Or comęnc̨’ ęn notre lange la diphthonge , ‹ęi› ,
par ‹ę› ouuęrt , ſucc̨eder a c̨ęlle d’ ‹ai› ęn aocuns vo-
cables : tęllemęnt qe nou’ n’ oyons plus dire ‹ay-
mer›* , ſi ſouuęnt q’ ‹ęymer› .

Ao regard d’ ‹amé› , ę ‹a-
mez› dõt no’ lęttres de comiſsíons ſont pleines ,
l’ uzaje de l’ eloqęnc̨e Frãc̨oęze lęs a ja de ſi long
tęms caſſez , qe je ne pęnſe pas q’ il ſe puiſſ’ ao-
iourdhuy trouuer home qi lęs aye vu jamę́s ęn
aothorité , pour ętre c̨omunemęnt prononc̨ez
d’ un bon courtizant .

Ny ne ſey pourqoę la plu-
me doęue porter ęn ſon ecritture plus grande
reueręnc̨’ a l’ antiqité , qe ne luy fęt la lang’ ęn ſa
prononc̨íac̨íon : vu qe pas vn de tous c̨ęs ecri-
ueins ne ſ’ ozeroęt auanturęr de pronõc̨er com’
il ecrit , ęn tenãt qelq’ aotre propós .

A c̨ete diph-
thong’ ‹ay› , ęt ęncores ſucc̨edé ‹ei› , par ‹e› clós : tęllemęnt
q’ aojourdhuy nou’ pronõc̨õs ſeint1 , pein2 ,
mein3 , vein4 , vrey5 : ao lieu dę’ qels vous ecriuez
‹ſaĩct› , ‹pain› , ‹main› , ‹vain› , ‹vray› . Pęnſez toutefoęs de
vou’ mę́mes , ſ’ il ęt rę́zonable d’ y prononc̨er c̨et
a , ne mę́mes vn ę ouuert : finablemęnt vou’ trou-


1/sen/ selon le contexte, malgré notre prononiciation d’aujourd’hui /sɛ̃/ pour « saint »
2/pen/ selon le contexte, malgré notre prononiciation d’aujourd’hui /pɛ̃/ pour « pain »
3/men/ selon le contexte, malgré notre prononiciation d’aujourd’hui /mɛ̃/ pour « main »
4/ven/ selon le contexte, malgré notre prononiciation d’aujourd’hui /vɛ̃/ pour « vain »
5Dont la pronociation reste proche de la nôtre, cet exemple est un pivot de notre compréhension sur ce paragraphe. L’autre pivot est la description phonétique de Meigret sur la diphtongue ‹ei› : « e clos accompagné d’un i » (voir ci-dessous).