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f. 8 r°


le mond’ ou la plus grande partíe medit d’ une
doctrine qe conſeqemmęnt ęlle ſoęt faoſe : ne qe
c̨eluy qi la tięnt la doęue lęſſer . Mę́s allors ſera il
pręt a ſe ręndre , ou pour le moins contreint de
tac̨itemęnt confeſſer ſon abus , qant il vęrra ſę’
princ̨ipes ręnuerſez par vifs argumęns .1 Ou ęt le
Cretiẽ ( je dy le le vrey Cretien ) qi veulłe lęſſer la
foę q’ il a conc̨ú’ ęn IEZVCRIT _ , ę ęn ſa ſein-
te doctrine qelqe grande defęte q’ il voye fę́re de
ſęs ſęmblables par lęs infidęlles , ę mecreans ? Le
c̨haot ſe corromt par le froęd ſon contręre : ę le
ſęc par l’ humide : aoſi fęt vne doctrine par ſa cõ-
tręre .2

Venons aoz aotres voyęlles . Qelq’ affini-
q’ ęyt l’ ‹o› ouuęrt auęq l’ ‹ou› clós , il’ ne peuuet
toutefoęs ętre proferez l’ un pour laotre _ : ny ne
nou’ ſera loęzible de pronõc̨er ‹trop› , come trou-
pe* , ne ‹tort› , come tour* : ne de dire corſe* , troſſe*
pour ‹courſe› , ‹trouſſe› .

Qant ao ręſte dęs aotres
voyęlles , il ny _ a poĩt de diffic̨ulté .

Parqoę _ ęn paſ-
ſant outre je treuu’ ęnc̨ores qe lę’ Franc̨oę́s ont
vn gran’ nombre de diphthonges auęq qelqes
triphthonges : ę croę q’ il n’ ęt point de lange qi
ſoęt venú’ a notre conoęſſanc̨e , qi3 ęn ſoęt ſi abõ-
dante : qoę qe la Gręcq’ ęn ſoęt aſſez bien four-
níe , a laqęll’ on fęt aojourdhuy grand tort , ę ou-
traje , ęn diminuant ſa grac̨’ ę douc̨eur , par fao-
te de lę’ prononc̨er : vu qe lę’ voyęlles ſont d’ une
rezonanc̨e plus grac̨ieuze , qe lę’ conſonantes : cõ-
bien q’ ęlles leurs ſoę́t nec̨eſſę́res pour ręndr’ vn


1Meigret paraît ici un observateur – un peu sociologue et épistémologue – de l’espace scientifique, ou de la linguistique en particulier. Il croit que la rencontre d’une thèse avec son anti-thèse est constructive, mais constate aussi que le bon sens de la thèse risque d’être faussé, « corrompu ».
2Le rôle que la foi (chrétienne) joue par rapport à la science est notable. Du point de vue au moins rhétorique, un croyant est « crédible », et en revanche, un mécréant ou infidèle ne l’est pas. En plus, la foi de Meigret l’aide à traverser le désespoir, à livrer au public sa Grammaire imprimée dans la graphie réformée malgré la controverse sur cette graphie. Cette impression marque en effet l’aboutissement du projet de la réforme orthographique, qui date au plus tard du début des années 1540. Au sujet du rapport entre réforme orthographique et réforme religieuse, voir Baddeley 1994
3‹qi›*92 vs. ‹qí›*1