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f. 6 v°


nou’ prononc̨ons ęn notre lange dę’ vocables
qe le Latin , ne le Gręc ne ſauroę́t ecrire par leurs
charactęres : d’ aotant q’ il’ ne lęs ont jamęs u ęn
vzaje : come ſõt ‹ł› , ‹η̃› , ſ1 , molles . Car il n’ ęt pas vrey-
ſęmblable q’ il’ lęs vſſet lęſſé inc̨ęrteines , ę ſans
qelqe c̨haractęre , ou propre marqe , attẽdu leur
grãde dilijęnc̨’ ęn toutes aotres c̨hozes louables .


Ao regard de noz anc̨ętres , il’ lę’ nous ont noté
d’ aoſi pouur’ inuęnc̨íõ , q’ a eté leur cõſiderac̨íon
a garder la proprieté , ę puiſſanc̨e dę’ lęttres .2


Dȩ’ voyȩlles . C̨hap . II .


Or qant ao’ voyęlles je treuue qe la
lange Frãc̨oęz’ ęn a juqes ao nombre
de ſęt , ſi diuęrſes3 ęntr’ ęlles , qe l’ une
ne peut ę́tre prononc̨ée pour l’ aotre ,
ſans manifęſt’ offęnſe de l’ oręlłe : qoę qe lęs ao-
cunes ayet ęntr’ ęlles vne grand’ affinité . Nous
auons donc , ‹a› , ‹ę› , ouuert , ‹e› clós , ‹i› , ‹ou› , clós ( aotre-
męnt ne l’ oze je noter ) ‹o› ouuęrt , ‹u› .

Ę combien
( affin qe je comęnc̨’ ao’ premieres ) q’ ‹a› , eyt grã-
d’ affinité auęq l’ ‹ę› ouuert , qe jeſtime _ tęl , qe
nou’ le prononc̨ons ęn ‹męs› , ‹tęs› , ‹ſęs› , ‹vęrt› , ‹pęrs› ,
‹ſęrf› , ę pour leqel vous ecriuez qelqefoęs ‹ai› , ou
‹ęs› , a l’ imitac̨íon de l’ anc̨íen abus de l’ ecritture :
com’ ęn ‹maiſtre› , ‹mais› , ‹paix› , ‹eſtre› , ‹teſte› , ‹beſte› : il ęt
toutefoęs c̨ęrtein , qe nou’ ne lęs ozerions pro-
nonc̨er ęn a .4

Combien aoſi qe c̨et ‹ę› ouuęrt , eyt
grand’ affinité auęq l’ ‹e› clós , tęl qe vou’ le pro-


1Cette mise en série pourrait être plus cohérente. ‹ł› et ‹η̃› étant à la fois la description phonétique et la graphie proposée, « ſ molle » n’est que la description d’un son dont la graphie est ‹c̨h›. Voir la note de pas de page sur ‹çh› au 15v.
2Les ancêtres des Français ont laissé les lacunes auxquelles Meigret vise à remedier.
3Que nous dirions distinctives.
4Notons que dans ce paragraphe, le propos est plus sur la démonstration de ‹ę› ouvert que de ‹a›. Du point de vue phonétique, cette dernière lettre vocalique est un étalon, mais du point de vue graphique, elle fait l’objet de l’abus et usurpe la puissance de /ɛ/.