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f. G ii v°


les quelles n’ ont iamies eſté Latines ny Grecques.

Ch ש

Il eft
Ch vray que celle de ch prononcé mollemẽt {e mble auoir
eſté hebraique, & etre telle que celle de, ש ainſi qu’ au-
cuns le prononcent. Et pourtãt ſeroit il beaucop mal.
leur de diuerſifier aucunement les letres quant elles did
uerffient quelque peu leur fon, que d’ en taire vnetelle
aſſemblée en l’ eſcriture pour ne feruir que d’ apparance
fule, & d’ empeſchement de papier, auecq occafion
grande de faire faulſe lecture : Auecq ce que ceftvne
choſe partrop deraiſonnable, & cõtre nature que deux
letres enſemble facent vng ſon mol, laou la fimplele
rend ferme, cõme en voler, confoler.

‹l ›.

Si donques nous
voulions marquer ceſt l, d’ ung point crochu commeie
vous ay dict de n, nous nous releuerions de ceftecon-
fañon de letres : de forte, qu’ il nous fufhroit d’ eſcrire
Mekur meleur, ou lieu de meilleur :

Meleur.

Ou bien leur faire quelque
autre fac̨õ de diuerſité de meilleur grace. Il eſt vray. que
les Hefpaignols ont vne fac̨on d’ eſcrire quelquetois
deux Il, au commencemẽt d’ ung vocable pour faire la
prononciation molle, eſcriuans Ilano, qui eftvnefac̨on
fort eſtrãge, toutesfois ilz ne l’ ont à m6 aduis faict que
pour monftrer cefte molleſſe, & par faulte d’ auoir inué
quelque autre meilleur moien, ou pluſtoſt nouueau
Caractere : ¤C ar on ne doit james ſ’il eſt poſſible abuſer
des letres, mais pourquoy n’ eut le peuple receu vng
nouueau Caractere auſſi toſt que deux ‹l l ›, pour vne ‹l ›,
molle

i, ll

Parquoy auſſi nous doit eſtre plus eſtrãge d’ ap-
prẽdre qu’ une lauec vng point, ou ainſi que tu voudras
ſõne mollemẽt, que l’ aflemblée d’ ung i auecq deux Il,

Ville, village, villageois.

attendu que quelquefois nous ne les prononc̨ons pas
auſſi en tous vocables, comme en ville, village vil-
lageois ? Pour à quoy fatisfaire la refponfe fera foi-