Vue précédente - Menu - Vue suivante Traité de l’écriture

f. G ii r°


eſté autre : Il fault auſſi que l’ uſage d’ eſcriture ſoit autre.
Et ſi nous voulons bien rechercher les choſes au vray,
nous trouuerõs que la plus part de [ nos ] nous franc̨ois vſent
de cefte ſuperfluité de letres, & meſmement de ‹l ›, ‹s ›, ‹x ›,
plus pour parer leur eſcriture, que pour opinion qu’ ilz
ayent qu’ elles y ſoient neceſſeres Car les Il, auecq les,
fl, ouuées comme carpes feruent de grid remplage en
vne eſcriture, & donnẽt grãd contentement aux yeux
de celuy quife paift de la fcule figure des letres, ſans a-
uoir egard Ai la lecture pour laquelle elle eſt principal-
lementinuentẽe en fera facile & aifée : l’ ofe bien d’ a-
uantage affeurer que ceſt bié l’ une des principales cau-
fes pour laquelle ie n’ eſpere pas iames, ou pour le
moins il fera bien dificile , que la ſuperfluité des letres
foit quelquefois corrigée, quoy qu’ il ſ’enſuyue efpar-
gne de papier, de plume, & detemps, & finablement
facilité, & aifance de leture à toutes nations.

‹l l ›. Meilleur.

Nous
vfons d’ auantage de deux Il, auecq vng i, precedent
pourrepreſenter vne pronõciation grafle de I, comme
-mcilleur, veiller, la ou nous n’ oyons aucunemẽt le fon
d, i, & f’il y en à aucung, il ſemble auoir plus d’ apparã-
ce apres la prononciation del. Ceftvng viceauſſi que
ie vous ay noté en parlant du g deuant n quãt elle fon-
Ne mollement comme en aigniau la ou en ſemblable à
{e mble pluſtoſt auoir quelque refonance apres n que
deuant, commeen mignon.

Letres de pronociation graſſe.

Combien qu’ a la verité
cefte molleſſe de 1, & n, ne ſe caufe point par Letres pre-
cedentes ny fubfequentes, & n’ eſt qu’ vne proprieté de
langue de prononcer vne meſme voix plus dure, & au-
tresfois plus molle, comme I, en meilleur, & n, en mi-
gnon, & s, que nous eſcriuons par ch, en cheuaux, che-
valier, chaftier. Et croy bié que ce font prononciations