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f. C ii r°


dien. Brieftoutes nations du monde ont eſté quelque :
fois troublées de quelque autre peuple, deforte qu’ at-
tenau les lõgues demeures que par lemoien des gucr-
res & victoires, ont eſté faictes des homes fur autres
pays, 1leftimpoñfible qu’ il ne ſe ſoit faicte quelque cõ.
fulion , & mutuel emprunt de langage. ¤E t toutesfois
nous ne voyons point les Romains, ny les Grecz, &
Hebreux, ſatisfaire à telle obligationen corrompant
la puiſſance, & l’ ordre de l’ uſage des letres. Il reſte
doncques que vous me direz, que nonobſtant toutes
ces remõſtrãces, qu’ il eſt biẽ rayſonnable de recognoi-
ſre le bien de celuy, dont tu l’ as receu encores qu’ il ne
faſſe perte, cõme qui t’ a eſté moiẽ de venir à ce bien la
Quant célaie cofefle bien que ce ferait ingratitude,
de mefcognoiſtre celuy du quel tu auras receu vn g
bien tant petit qu’ on vouldra, la ou l’ occafion f'offri
roit de lerecognoiſtreounyer. Comme file propos ſe
mettoit füs de la ſourſe de quelque vocable tyré dela
langue latine, & que tu la vouluffestaire, & l’ attribuer
à la tienne, ou autre, par malice. ¤A la verité auſſi eſſe la,
ou il fault eſtre ſoigneux de la deriuaiſon des voca-
bles : Comme quant on veult faire vne grammaire, &
eplucher la nayue ſourſe d’ une diction à la couſtume
des Latins, qui eſt trop plus que rayſonnable : Non pas
[ user ] vſer de ceſte fac̨on de marque par vne corruption, ou
ſuperfluité de letres, & par ie ne ſc̨ay quel emprũt que
fait la plume plus que l’ uſage de la langue Et quant
ainſi ſeroit que nous anciẽs fy feroient obligez de leur
franchevolunté, iene croy point que les Grecz, ny
Latins qui ont mis tant de peine àrendre leureſcriture
laplus perfce, & plus approc̨hant de leur pronon