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f. C i v°


me par vne maniere de reuerence, & recognoiflance
du bien que nous auons receu en faiſant tel emprunt.
Deforte qu’ ilz nous contraignent bien fouuẽt d’ eſtre
füperfluz en eſcriture, comme en recepuoir, eſcripre,
faict, & autres infinis vocables : Pouraux quelz fatisfais
Il nous fault premierement entendre que fly gift
obligatié à telle recognoiffance, elle eft, ou parloy na-
turelle, ou bien d’ une priuée obligatio de peuple à au ?
tre par vne conuention ou quaſi conuẽtion : Au regard
de celle qui vient de crimeelle na pointicy de lieu,
d’ autant qu’ il n’ ya non plus d’ offence en tel emprunt,
que d’ allumer ſon tyfon au feu d’ autruy. Premieremẽt
quât à la loy naturelle, il me ſemble qu’ ellenous com-
mande ne faire rien à autruÿ que nous ne vouluffions
biẽqu’on nous feit. auſſi ne fcroit il pas rayſonnable,
que nous comme enuieux fiffions querelle aux Grecz,
Latins, ou autre nation eſtrange ſi en ſemblable ilz ty-
roient de noſtre langue aucung vocable. Et la ou nous
la vouldrions drefer, il faudroit qu’ elle fuft colorée de
quelque perte, ou dommage, autrement elle ſeroit de-
rayſonnable. Premierement quant à la perteienyen
treuue non plus en emprunt d’ ung vocable pour ce-
luy dont on le tyre, qu’ il ſ’en trouuera en celuy que fait
vng peuple des bonnes loix, & couſtumes d’ une autre
nation. Parquoy il n’ ya point de dommages : maisau
contraire vng merucilleux gain de gloire, & honneur
pour la langue de qui on fait l’ emprunt, ſi nous confi-
derons, qu’ il ſe fait d’ une bonne eftime qu’ on à defa
fuffifance, & bonne inuẽtion en fes vocables. Et ſi d’ a-
uñtage il y gifoit obligation, ou eſt le peuple au monde
qui f'en fceut excufer, ſoit Grec, ſoit Latin, Iuif, ou In-