Vue précédente - Menu - Vue suivante Traité de l’écriture

f. B ii r°


blions rien, diſons encor ce qu’ on pourroit mettre en
auant. Comme, que la puiſſance des letres à peu [ a pu ] eſtre
changée auecq le temps, & par conſequence la fac̨on
d’ eſcrire : tout ainſi que l’ uſage de la langue ſe [ change ] chan-
ge, quoy qu’ il ayt eſté quelquefois receu : Et que [ finablement ] fina-
blement l’ uſage à peu [ a pu ] amener vne fac̨on d’ eſcrire en
laquelle vne letre ſeroit quelquefois efcrite pour [ être ] e-
ſtre prononcée comme, ‹s ›, en ‹m iniſtre ›, & [ autrefois ] autre-
fois autrepart, pour ne l’ eſtre point : ¤ & pourtant ſeulez
ment {e ruir de remplage, ou bien commeaulcuns di-
{e nt de rendre la voyelle precedente longue comme
sen eſtre, & en ſemblable des differences & deriuai-
fons. Briefque les letres ont atiourdhuy : prins vngvfa-
ge tout autre qu’ elles n’ auoient anciennement. ¤E t que
[ nos ] nous anciens n’ ont point eu plus grand droit de nous
obliger à iames de ſuyure leurs inuentions en la puiſ-
ſance des letres ſans les pouoir diuerſifier, qu’ il ont
eu en l’ uſage du langage : lequel eſt auiourdhuy tout
autre qu’ anciennement, & qui de iour à autre ſe [ change ] chan-
ge peu à peu. Or pour ſatisfaire à ceſt argument, ie ſuis
bien d’ aduis qu’ il eſt rayſonnable, que toutes les fois
que nous pourrons amẽder non ſeulement nous [ nouvelle ] nou-
uelles fac̨ons de faire : mais auſſi celles que nous ont
laiſſé noz anciẽs, & venir à meilleur fin, & perfection,
qu’ allors en obeiſſant à la rayſon nous n’ ayons egard,
ny [ nos ] nous vſages, ny à ceux que nous tenons de tout
temps, & qui ſemblent auoir eſté de tout iamais : car la
vertu & la rayſon doyuent tout dompter. Ny n’ eſt en
la puiſſance de tous les homes (q uelque conſentement
[ uni ] vny qu’ ilz [ puissent ] peuſſent auoir enſemble, ſi ainſi il pouoit
aduenir) de faire que vertu ſoit vice, ou vice vertu, non