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f. F i v°


quoy ce ſeroit vng abus de l’ appeler e afpiré, & le de :
ura l’ on pluſtoſt nommer ę mol , comme qui requiert
A vne prononciation grafle, & molle :

G

Au demourant
quant àla lerre g, 1e treuue que nous l’ auons vluxpée
eni confonnante preſques deuant toutes les voyel-
les :

V, apres g ,a buſif

de forte que quant nous en voulons vfer ſuyuant -
fa propre puiſſance deuant e, & i, nous tumbonsau
meſme vice que nous faiſons du q, apres le quel nous
eſcriuons vng v, dont la prononciation ne fait point
de mention .

Quadrer quelle langue

Et tout ainſi que nous eſcriuons qua-
drer , quelle, es quelz nous ne prononc̨ons point v,
auſſi eſcriuons nous langue, languir : Esquelz tou :
tesfois n’ eſt non plus de mention del’v qu’ en ces au-
tres Gabelle, Gabrier, allengore. Qui en eſt doncqla
caufe ? l’ inconſideration de ceux qui premierement :
ont vſurpé le g en i confonnante, & qui ſe voyãs pe
fez d’ autãt que quelquefois nous le prononc̨ons deuãt
toutes Les voyelles enfa propre puiſlance, ilz ont adui*
d’ entreietter ceftv, meſmement quant e, oui, font
fubfequens comme en langue, languir, & guyder,
pẽſans à mon aduis que Les Latins le fciffent ainſi :

Legis leget leiis leiet.

At-
tendu que nous prononc̨ons auiourdhuy legis, leget,
tout ainſi que letis leiet. Ie voudrois toutesfois bien fa-
uoir la rayſon pourquoy nous ne prononc̨ons 2a, ge,
gb 80, gu, d’ vng meſme ſon de g, qu’ il fait auât à, tout
ainſi que nous faiſons ba, be; bi, bo, bu, : ¤

L’ uſage des anciẽs.

Ce que les
Allemans font en leur langage, ainſi que ie l’ ay [ entendu ] enten-
du : de ſorte que ſ'ilz auoient à eſcrire en leur langue,
‹l anguir ›, Ilz n’ eſcriront ſinon ‹l angir ›, voyla doncques
que nous à faict ceſt vſage de [ nos ] nous anciens, que les
ignorans mettent ſi ſouuent en auant. Ilz ont premie-
rement confondu la puiſſance des letres , & pour au-¤